Les chercheurs ont demandé aux participants s’ils avaient envie d’apprendre quelque chose en particulier.
Trois quarts des personnes interrogées (n personnes = 47) répondent par l’affirmative et ont des idées précises, contre un quart (n personnes = 13) qui dit ne pas en avoir. Les personnes ayant de telles aspirations expriment 3.3 projets en moyenne. Il n’y a pas de différence en fonction du genre.
La plus grande partie des envies exprimées concernent des projets en lien avec des activités de loisirs, des activités artistiques ou sportives (31%).
L’envie de découvrir ou d’apprendre à maîtriser de nouvelles activités sportives telles qu’ « apprendre à danser », « faire du vélo », « jouer au tennis » ou encore « faire de l’équitation » font partie des projets les plus fréquemment mentionnés (n occurrences = 18).
Apprendre à jouer d’un instrument de musique ou encore à chanter sont aussi des activités largement plébiscitées par les participants (n occurrences = 11).
Ces derniers sont également intéressés par toutes les activités liées au monde animal comme par exemple « apprendre des choses sur la montagne et sur les animaux de la montagne » ou « apprendre sur les animaux que j’aime comme l’orque ou l’éléphant » (n occurrences = 7).
D’autres souhaiteraient améliorer leurs connaissances géographiques en voyageant, lisant ou encore en participant à des cours (n occurrences = 4).
« Ben la Turquie, j’ai pas pu aller visiter les endroits touristiques. Moi je voudrais bien aller à Istanbul, aller visiter la ville, l’ancienne ville (...). Ça m’intéresse. »
Enrichir ses connaissances professionnelles ou encore changer de métier s’avèrent également être des envies fréquemment mentionnées par les participants. Ainsi 15% des projets d’apprentissage sont associés aux activités liées au travail. Un participant souhaiterait « apprendre des fois à faire d’autres choses dans mon travail, varier un petit peu », tandis qu’une autre aimerait « beaucoup aider au home, j’aimerais essayer une fois » ou encore « apprendre à mettre des choses en place pour le boulot pour le lendemain ».
Les participants expriment également des souhaits d’apprentissage se référant aux activités liées à la vie quotidienne (16%).
Les intérêts se réfèrent principalement à la tenue d’un ménage (n occurrences = 20). Une participante souhaiterait apprendre à « faire les courses toute seule », une autre à « faire le ménage ». Un participant déclare :
« J’aimerais avoir un studio mais c’est vachement compliqué (...) on a toujours le ménage à faire, on a les responsabilités de manger dans le studio. Mais il faut faire à manger. (...) Je serais capable de faire des choses et voilà. Et puis je vais essayer une fois de demander si je peux faire ça, ou essayer. »
Le désir de perfectionner une compétence ou de réaliser des tâches conceptuelles est également mentionné par les participants (16%), « parce que moi j’avais envie de continuer plus loin avec les études ». Ainsi apprendre à mieux lire (n occurrences = 7) pour pouvoir par exemple « apprendre pour conduire la voiture », « utiliser son téléphone portable » ou encore « sortir d’ici » (ndlr de l’institution). Ou encore apprendre à mieux écrire (n occurrences = 6) afin de « travailler mieux au tea-room » ou encore « avoir un ordinateur ». De même perfectionner ses compétences dans le domaine de la maîtrise de l’argent et des comptes s’avère être également important pour plusieurs participants (n occurrences = 6). Comme le souligne une participante
« faire compter les sous, j’arrive pas à mon âge, (...). J’ai été pénalisée de ça. J’arrive pas à savoir combien coûte un café, combien coûte un Coca. C’est dur de pas pouvoir faire ça. »
L’apprentissage d’une langue étrangère comme l’anglais ou l’allemand est également cité (n occurrences = 6). L’utilité d’acquérir ce type de connaissances est particulièrement reconnue : « parce qu’on parle anglais partout », « pour voyager à l’étranger » ou encore parce qu’ainsi « on peut mieux se débrouiller ».
Plusieurs personnes expriment des envies liées à l’utilisation des technologies de la communication et de l’information (9%). Ceci concerne principalement l’utilisation des téléphones portables, de l’ordinateur ou d’Internet. D’autres intérêts se rapportent à une activité sociale (9%). Neuf souhaits d’apprentissage sont liés à la vie de couple : comment, par exemple, apprendre à vivre en couple pour pouvoir se marier ou encore apprendre à s’occuper de ses enfants. D’autres personnes désirent apprendre à gérer leurs émotions (n occurrences = 5). Une participante déclare :
« Quand je rentre du travail ou que j’y vais, je me fâche des fois (...) moi, je garde mon idée à moi et c’est mon problème. »
Une personne, quant à elle, souhaite apprendre à être plus autodéterminée :
« Apprendre à dire non. C’est pas facile parce qu’on a peur de vexer les personnes, après on a peur de se faire rejeter. Et puis c’est pas facile de dire non, non, non. »
Enfin quelques souhaits sont liés à la vie communautaire et citoyenne (4%). Il s’agit, dans ces cas, d’apprendre l’usage du code de la route ou de manière générale la conduite d’une voiture.
L’envie d’apprendre une nouvelle activité sportive vient en tête, suivie par les activités artistiques et de loisirs. Concernant les activités pratiques du quotidien, apprendre à tenir un ménage est souvent mentionné dans la perspective de gagner en indépendance et de quitter le milieu institutionnel. Les tâches conceptuelles visant à perfectionner la lecture ou le calcul, ou à développer de nouvelles habiletés, comme les langues étrangères ou la maîtrise des nouvelles technologies sont des projets fréquemment évoqués. Ces résultats témoignent du fait que les personnes avec une déficience intellectuelle sont conscientes de leurs lacunes dans ces domaines et plusieurs souhaitent parfaire leurs connaissances. A l’âge adulte, ce sont des savoirs scolaires appliqués, par exemple la lecture, l’écriture ou les habiletés numériques fonctionnelles, qui suscitent leur intérêt. Ceci nécessite de penser des programmes de formation très étroitement liés à des tâches réelles (manipulation de l’argent, lecture de panneaux indicateurs dans la rue, de menus au restaurant, etc.). Plusieurs projets concernent la sphère professionnelle, ils traduisent l’envie d’élargir, de diversifier et de maximiser les perspectives d’emploi des personnes qui les évoquent. Les politiques publiques actuelles qui n’offrent pas de formation professionnelle formelle à une large part de personnes ayant une déficience intellectuelle devraient être interpellées par ce constat. En effet, la littérature montre que l’employabilité augmente grâce à la formation. Les personnes avec une déficience intellectuelle en sont bien conscientes.